Christian Estrosi : "La sortie de crise passe par les élus locaux, qui ont les mains dans le concret."

5/12/2018

Retrouver l'interview complète sur www.lepoint.fr

Extraits de l'interview : «

Avec ce genre de mouvement, quelqu'un de totalement pacifique peut s'auto-motiver, s'échauffer au contact d'autres et devenir très dangereux pour tout le monde », relève le maire de Nice, qui a été notamment marqué par le témoignage d'un Gilet jaune qu'il a reçu. « Il m'a expliqué, dit Christian Estrosi, qu'il travaillait depuis l'âge de 13 ans et demi, qu'il avait exercé cinq ou six métiers, mais qu'il sera bientôt à la retraite et ne touchera alors que 800 euros par mois. Avec ma femme, nous sommes affolés, m'a-t-il dit. On mesure ces situations aujourd'hui parce que ce mouvement est engagé. Ce n'est pas la faute d'Emmanuel Macron, ni de François Hollande, ni de Nicolas Sarkozy, mais on n'a pas pris en compte la condition humaine. »

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« On est dans quelque chose qui est bien plus irrationnel qu'une histoire de taxe ou de contrôle technique automobile, constate Christian Estrosi. Le pays a besoin d'entendre un message d'espérance qui redonne une perspective… » L'élu constate déjà l'impact que ce mouvement a sur l'économie au travers des plaintes des commerçants, dont le chiffre d'affaires est déjà affecté – notamment dans la restauration et l'hôtellerie.

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Évidemment, pour celui qui a lancé le mouvement de la France audacieuse, fédérant plusieurs centaines d'élus partout dans le pays, la sortie de crise passe par les édiles. « Le pays a besoin de réformes, c'est clair, et je crois que les collectivités apportent toutes les réponses possibles », lance-t-il. L'élu local est en première ligne pour gérer les problèmes quotidiens.

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Comme le prônent Jean-Pierre Raffarin et Gérard Larcher, le pouvoir central serait bien inspiré de s'appuyer davantage sur les expériences des maires, qui ont la main dans le concret. « Contrairement à tous les gouvernements précédents, observe Christian Estrosi, celui-ci ne bénéficie d'aucun relais. Il n'en a pas de par la manière dont il est arrivé au pouvoir. François Hollande, Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac pouvaient s'appuyer sur des villes, des départements, des régions et un appareil politique avec des ramifications partout dans le pays. Dès qu'il y avait un blocage sur un texte, par exemple, on pouvait faire remonter les réactions du terrain, recevoir les élus, discuter… Aujourd'hui, les Gilets jaunes n'ont aucun intérêt à frapper à ma porte, puisque je ne suis pas un interlocuteur du gouvernement. » Cela pourrait changer dans les jours qui viennent…

Par Jérôme Cordelier

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