DEPECHE AFP / Estrosi joue l'axe des territoires

7/09/2018

Leur atout maître, disent ils: représenter les territoires. Les élus de "la France audacieuse" ont joué vendredi à Nice cette partition autour du maire Christian Estrosi, espérant ainsi devenir un interlocuteur incontournable d'un "gouvernement qui s'essouffle" et d'une droite en quête d'unité.


Issus d'une droite modérée ou du centre, certains ne sont plus encartés, et aucun ne veut rester à quai, soit craignant d'être dilués dans la majorité présidentielle, soit rebutés par la ligne dure de Laurent Wauquiez, patron des Républicains (LR).


Pour ces élus locaux, parmi lesquels M. Estrosi, le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc ou encore celui de Reims Arnaud Robinet, la porte de sortie s'est matérialisée dans La France audacieuse, qui a pour la première fois compté ses forces vendredi à Nice, lors d'un séminaire, puis en public.


"Nous n'idolâtrons aucun chef, nous ne sommes pas les toutous permanents du dernier venu", a résumé Christian Estrosi devant 5.000 personnes réunies en clôture lors du "Festin Nissart". Le maire de Nice s'est défini comme "un homme de droite" mais "libre des stratégies politicardes" et "libre face à l'Etat".


Face au pouvoir macroniste installé à l'Elysée et au Parlement, mais sans réseau d'élus locaux, la France audacieuse entend occuper le créneau pour peser.


M. Moudenc a souligné vendredi auprès de l'AFP cette "faiblesse" congénitale qui "pèse beaucoup sur l'action gouvernementale actuelle".


La France audacieuse a donc dévoilé sept propositions, prônant notamment des exonérations d'impôts pour favoriser la recherche, le développement territorial ou l'investissement dans les TPE/PME. Le mouvement, qui revendique 250 maires, 1.000 élus locaux et 15.000 adhérents, demande également que les édiles soient mieux associés à la lutte contre le terrorisme avec un accès facilité aux fichiers de renseignement.


Cela permettrait par exemple d'interdire aux individus signalés "l'accès à un emploi au sein de l'administration municipale ou de prendre des mesures administratives s'ils en font partie".


Dans le même temps, le mouvement politique s'est affirmé vendredi comme un acteur de poids d'un front unitaire face à Laurent Wauquiez au sein de LR.


Après avoir participé à la rentrée politique de Valérie Pécresse il y a une semaine, M. Estrosi a reçu en retour l'appui de la présidente de la Région Ile-de-France, dirigeante du mouvement Libres!


"Vous apportez à La France audacieuse la preuve que vous faites quelque chose d'utile. Nous sommes la droite des solutions, la droite de gouvernement", a-t-elle avancé.


"Nous dénonçons l'exercice solitaire du pouvoir et l'esprit centralisateur d'Emmanuel Macron (...) qui n'écoute pas les territoires, la voix des élus", a-t-elle encore insisté, aux côtés de son homologue de la Région Sud Renaud Muselier.


Absent physiquement, le président de la Région Hauts-de-France Xavier Bertrand, qui a quitté LR, a, dans un message vidéo, assuré les élus qu'ils avaient "raison de jouer la carte des territoires". "C'est à partir des territoires que l'on aura une nouvelle dynamique", a-t-il plaidé en invitant le mouvement à tenir son prochain séminaire dans les Hauts-de-France.


Toujours par vidéo, le patron de la Région Grand Est Jean Rottner a déploré qu'"à l'image de notre réseau de téléphonie mobile, il y ait des zones blanches entre les pouvoirs locaux et le gouvernement". 


"Nous devons rétablir la liaison", a-t-il ajouté, quand le président de la Région Normandie, le centriste Hervé Morin, a loué à l'unisson "une France girondine, une France qui fait confiance aux pouvoirs de proximité".


jmt/jk/cb


D'autres articles