Les maires de la France Audacieuse veulent être la voix des territoires

29/09/2020

Emmenés par Christian Estrosi, les maires de la France audacieuse veulent bien assumer plus de responsabilités à condition d’avoir plus de pouvoirs. Voix des territoires, ils veulent être « la France des solutions. »

Être associés, expérimenter, peser dans les décisions !

Estimant, à l’image de leur mentor, Christian Estrosi (LR, Nice) « ne pas être plus important qu’un parlementaire, mais pas moins non plus », les maires de la France audacieuse réclament « plus de pouvoirs. » Paradoxalement, ils veulent conserver ton et liberté de parole mais être entendus quand ils scandent que « la France des territoire est la France des solutions. »Bottant en touche quand on les dit « Macron-compatibles », affirmant n’être « ni traîtres ni opportunistes », ils répètent à l’envi que la seule voix à écouter est celle des territoires, quand bien même leurs appartenances politiques ne sont pas identiques.

Point commun à ces 300 maires -d’un mouvement qui revendique 6000 adhérents d’élus locaux et citoyens-, ils ne partent pas du principe que le Président de la République et le Premier Ministre ne font pas ce qu’il faut quand il faut, et placent l’intérêt du citoyen au-dessus de la politique politicienne quand il s’agit de gérer. « Pouvoir « se sentir libre et d’avoir envie de servir une même cause », résume le maire de Nice lors de la rentrée -de son laboratoire d’idées devenu mouvement- mardi, à Saint-Germain en Laye.

Plus de responsabilités avec plus de pouvoirs

Exemple avec la sécurité ? Les maires veulent pouvoir faire plus. « Il est urgent que l’Etat comprenne que les élus locaux sont en capacité d’avoir des réponses en matière de sécurité », insiste Yves Foulon, (Arcachon, Gironde) qui réclame « des outils juridiques nouveaux » permettant à ses policiers municipaux de procéder à des contrôles d’identité ou des interpellations.À lire aussi Le gouvernement veut expérimenter à Nice la police municipale de demain« On est d’accord pour prendre plus de responsabilité mais avec des pouvoirs », complète Didier Brémond (Brignoles, Var) qui souhaiterait avoir connaissance des fichés S et être en mesure « de verbaliser plus facilement » au quotidien. Et ne pas être juste utile pour combler les déficits, comme le rencontre Frédéric Masquelier (Saint-Raphaël, Var), sollicité chaque année par la préfecture pour équilibrer les comptes du centre de loisirs jeunesse, mais interdit d’assister à l’assemblée générale « car ce n’est pas prévu dans les statuts. On peut être utile quand il s’agit de suppléer un certain nombre de carences, à partir du moment où on est des acteurs de la sécurité. Nous pouvons être beaucoup mieux associés aux décisions qui sont prises dans ce domaine », estime-t-il.Et avec des compétences étendues pour bénéficier de moyens accrus, comme le propose Franck Louvrier (La Baule, Loire-Atlantique) qui lance l’idée d’une compétence en matière de sécurité pour les conseils régionaux, afin de gérer des centre de supervision urbains avec les intercommunalités, par exemple. Les maires réclament le droit à l’expérimentation, au cas par cas. Et si Nice aura 60 policiers nationaux supplémentaires d’ici deux mois, après s’être engagé à recruter 80 municipaux de plus, Arnaud Péricard (Saint-Germain en Laye, Yvelines) est convaincu que ce ne sera pas possible partout « c’est aussi une question de moyens. »

Pas moins légitimes que des parlementaires

Prêts à mettre les mains dans le cambouis, les maires de la France audacieuse ne veulent pas être des sous-parlementaires. « Il est temps que la France fasse confiance aux maires » lance le premier magistrat de Nice Christian Estrosi, en estimant que les élus locaux ont démontré leur capacité à se suppléer à l’État, durant la crise sanitaire, « sans aucune polémique. Plutôt que de le laisser se débrouiller, il fallait être ensemble, ça a été révélateur.« Arnaud Robinet (Reims, Marne) en tire la conclusion que « la crise a été plutôt bien gérée » de ce fait. « La France des territoires c’est la France des solutions, nous avons cette capacité à faire remonter les préoccupations des Français, alors que les partis politiques ne l’ont plus », tacle un Christian Estrosi qui reste membre des Républicains, quand son homologue Arnaud Péricard a fait le choix de ne plus être encarté. « On peut apporter des solutions sans appartenir à une écurie présidentielle. La France audacieuse est un mouvement qui a envie de vivre et de proposer. Chacun votera pour qui il veut et nos choix ne seront peut-être pas les mêmes, mais ce qui compte c’est que nous puissions faire entendre la voix de nos territoires, de notre expérience sur le terrain ». Et être, pour le maire de Nice « la caisse de résonance de la vie de nos concitoyens. »


(c) La Gazette des  Communes - Pascale Tessier

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