Le Point: « L'islamo-fascisme est un virus qui peut devenir pandémie »

21/10/2020

Propos recueillis par Jérôme Cordelier


Bien avant que sa ville soit à jamais meurtrie par le terrorisme islamiste, le 14 juillet 2016, le maire de Nice Christian Estrosi avait alerté sur la propagation du radicalisme au sein de la société française. Il fut l'un des premiers à nommer l'ennemi, comme il est convenu de faire maintenant, en parlant d'une « troisième guerre mondiale » et des « cinquièmes colonnes islamistes ». Pour ces propos tragiquement prémonitoires, il fut brocardé et conspué. Après la décapitation de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, alors que tout le monde désormais presse le pouvoir d'agir, Christian Estrosi propose dans cet entretien au Point des mesures pragmatiques pour lutter contre l'islamo-fascisme.


Le Point : Vous avez été parmi les premiers à dénoncer la radicalisation islamiste. On se souvient de vos paroles sur « la cinquième colonne », en 2015, qui vous avait valu une mise au bûcher médiatique. Après le drame de Conflans, que préconisez-vous ?

Christian Estrosi : On ne peut plus se contenter d'hommages et de simples dénonciations. Il faut des actes ! Des opérations de police ont eu lieu dans des milieux islamistes et des personnes ont été identifiées comme ayant apporté un soutien à ce terroriste de Conflans qui s'est livré au pire des actes de barbarie à l'égard de cet enseignant pour lequel je partage, avec l'ensemble des Français, la plus grande des peines : leur place est en prison ! Le gouvernement a annoncé l'intention de dissoudre plusieurs associations islamistes, je demande plus : la dissolution de toutes les organisations associatives, éducatives, religieuses, s'attaquant aux valeurs de la République. Emmanuel Macron a dit ce qu'il fallait dire, avant même cet attentat. Il a été le premier dans sa fonction à nommer l'ennemi, à parler d'islamo-fascisme, d'islamisme radical, de salafisme. Comme dit Camus : « Ne pas nommer précisément les choses, c'est aggraver les malheurs du monde. » Ce qu'a dit le président, c'est un point d'appui pour tous les démocrates. Le « Ils ne passeront pas » dans sa bouche au soir de l'attentat de Conflans, c'est un mot fort, le terme employé par les républicains espagnols face à Franco. Ce mot nous oblige à agir alors que les colères explosent.


Agir, certes, mais dans quelle direction ?

L'islamo-fascisme est un virus dont la circulation est en train de se transformer en véritable pandémie : si on le laisse prospérer, des clusters s'installeront partout en France. Les Français ont accepté d'être privés de liberté pour lutter contre le Covid 19 ; je suis persuadé qu'ils le sont tout autant pour éradiquer la cinquième colonne islamiste. Le gouvernement a annoncé l'expulsion de 231 ressortissants étrangers fichés S, ils sont en réalité 3 800 sur notre territoire. Je demande que l'on expulse tous ceux dont la dangerosité est avérée. L'opération est difficile vers certains pays qui refusent de récupérer ces criminels : je demande donc à l'État français de faire pression sur ces États en utilisant tous les moyens politiques, économiques, diplomatiques pour que soient conclus des accords consulaires. Dans le cadre de la loi contre le séparatisme qui sera bientôt débattue devant le Parlement, je propose de mettre à l'étude la déchéance de nationalité. La loi le permet contre tout citoyen dirigeant des armes contre son pays : utilisons à plein cet article ! Pour les autres, employons l'article de loi punissant l'intelligence avec l'ennemi. Pas de liberté pour les traîtres ! Je n'ai pas d'illusion : ces gens qui vomissent la France ne se sentiront jamais punis par le retrait de la nationalité. Il faut leur supprimer tous leurs droits. Plus d'APL pour les poseurs de bombe ! Aucun droit pour les ennemis du droit, sauf celui d'assurer leur défense, c'est ce qui nous distingue de ces gens. Il n'y a plus assez de places en prison pour tous ceux qui ont déclaré la guerre à notre République ? Je demande la mise à l'isolement dans des structures éloignées pour ces gens qui représentent de véritables bombes à retardement.


Sentez-vous une pression islamique dans les établissements scolaires niçois ?

Je la sens partout, pas seulement en milieu scolaire, même si à Nice elle est contenue, car depuis six ans, on a mis en place des circuits qui permettent de dénoncer, identifier des gens qui agissent et effectuer les signalements nécessaires de la police et de la justice. Nous avons même une structure à laquelle les parents peuvent s'adresser pour signaler les agissements dangereux de leurs enfants.


Quel doit être pour vous le rôle de l'Éducation nationale après ce drame ?

L'Éducation nationale ne peut pas être un supermarché où chacun choisit sa tête de gondole. On ne peut pas dire : les caricatures de Mahomet, je vais vous les montrer sauf si cela vous choque ; l'Inquisition, je vais vous l'apprendre sauf si cela vous embarrasse ; les croisades, nous ne les aborderons que pour ceux qui les tolèrent ; et la Shoah, nous en parlerons avec ceux qui ne sont pas antisémites. L'école de la République, c'est un pacte, qui ne se divise pas, qui ne se morcelle pas, qui ne se négocie pas. Certains disent que si l'on ne compose pas avec des sensibilités, de plus en plus d'enfants seront scolarisés dans des écoles hors contrats. Eh bien, ces écoles hors contrats, il faut les fermer, comme les mosquées salafistes. Et laissons les maires prendre ces décisions ! Pour protéger les établissements scolaires, je préconise aussi la présence en leur sein d'un policier national dans les collèges et les lycées qui soient des référents sur la laïcité, sur le modèle que nous avons installé à Nice avec des policiers municipaux dans les écoles. Ces policiers seront attentifs à toute dérive communautariste. Dans ma ville, j'ai aussi mis en place une charte de la laïcité qui prévoit de priver de subventions toute association qui laisse faire les activistes, comme ces entraînements sportifs où à la mi-temps les joueurs vont dans les vestiaires faire leur prière…


Les pouvoirs des maires sont-ils suffisants face à ce fléau ?

Évidemment, non. Nous manquons de moyens. Nous devrions avoir le droit de connaître les financements étrangers des mosquées dans nos communes, pouvoir prononcer la fermeture administrative d'une mosquée ou d'une école dans lesquelles on a repéré des comportements contraires aux règles de la République. En tant que maire, je veux avoir la liste des fichés S ; et partout où des centres de supervision urbains sont munis de logiciels, pouvoir mettre en place la reconnaissance faciale. Par souci de clarté, j'évite d'être aux côtés de la clique islamo-gauchiste qui fait semblant d'adorer la République le jour, et la nuit encourage ses pires ennemis. Ces gens sont les complices intellectuels des islamo-fascistes !


Faut-il incriminer la communauté tchétchène, dont faisait partie le meurtrier de Samuel Paty, comme l'a déclaré Jean-Luc Mélenchon ? Qu'en pense le maire de Nice, qui doit faire face aux violences perpétrées par des Tchétchènes, comme on l'a vu cet été dans le quartier des Liserons ?

J'ai reçu 100 plaintes en justice et des milliers de menaces sur les réseaux sociaux parce que j'avais dénoncé les agissements de certains ressortissants tchétchènes dans un règlement de comptes intracommunautaire. Maintenant, en l'occurrence, la lutte contre l'islamo-fascisme ne doit pas cibler une plus qu'une autre. Attention, aux amalgames. À Conflans, le meurtrier était tchétchène, mais à Nice, il était tunisien et à Paris, ils étaient français… L'islamo-fascisme est malheureusement souvent en lien avec le communautarisme, à ne pas confondre avec des communautés.


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