Sécurité : Christian Estrosi invite Emmanuel Macron à «foncer»

2/02/2021

Le maire de Nice invite le président de la République à se saisir des textes sur la sécurité globale et le séparatisme tout en s'appuyant sur le «Beauvau de la sécurité» pour répondre aux urgences, sans attendre 2022.

Christian Estrosi invite Emmanuel Macron à mettre en œuvre les mesures du livre blanc de la sécurité intérieure, dévoilée en novembre, sans attendre les conclusions du «Beauvau de la sécurité», lancé par Jean Castex cette semaine. Cette grande concertation nationale, prévue sur une durée de quatre mois, projette une loi sur en 2022 mais le maire de Nice juge l'échéance trop lointaine.

« Nous avons déjà la loi sur la sécurité globale et celle sur le séparatisme, qui malheureusement, se limite de plus en plus à un projet de loi sur la police des cultes. Mais le projet de loi sur la sécurité globale, attendu au Sénat le 3 février, peut servir de base à une grande loi confortant les polices municipales, la troisième force de notre sécurité intérieure. Il serait dommage de laisser passer cette opportunité», confie Christian Estrosi au Figaro, mardi. Selon lui, toutes les conditions sont réunies pour mettre en œuvre des mesures «immédiates et concrètes» en s'appuyant sur les textes actuellement en discussion, comme sur le «Beauvau de la sécurité» annoncé. «Quitte à ce que les gens descendent dans la rue, donnons raison à une majorité silencieuse qui n'attend que cela dans notre pays», poursuit-il.

«La cinquième colonne ne finit pas de prospérer»

Le rapporteur du texte de 2006 sur les délits de bandes organisées, souligne l'urgence des réponses à trouver pour combattre les phénomènes des cités, casseurs, black block, islamisme radical et autres menaces terroristes. «Tout cela doit être rassemblé dans les deux textes sur la sécurité et le séparatisme au moment où la cinquième colonne que je dénonce depuis cinq ans n'en finit pas de prospérer en France», insiste l'ancien ministre de l'Industrie de Nicolas Sarkozy.

S'il avait un message à adresser directement à Emmanuel Macron, avec lequel il entretient de bons rapports, ce serait le suivant: « Monsieur le président foncez ! Les Français vous suivent très majoritairement, vous avez eu le courage d'ouvrir ces débats dans un calendrier compliqué et difficile, alors que votre prédécesseur ne l'avait pas fait malgré les opportunités du congrès en décembre 2015.»

Selon Estrosi, tous les ingrédients sont «réunis» pour permettre à Emmanuel Macron d'apparaître «pour la première fois depuis Nicolas Sarkozy» comme un chef d'État ayant permis à son pays de «faire un pas considérable» en matière de lutte contre l'insécurité et la montée des communautarismes.

Au lancement du «Beauvau de la sécurité», Christian Estrosi a écrit une lettre à Gérald Darmanin pour s'étonner de l'absence des représentants de la police municipale dans la première phase de la concertation. Il juge cet oubli d'autant plus étonnant que l'État s'est engagé à hauteur de 250 millions d'euros dans la création du premier hôtel de police regroupant forces municipales et nationales sur un même site à Nice. Mardi, le ministre de l'Intérieur n'avait pas encore répondu à son courrier, dans lequel le maire lui demandait d'inclure les polices municipales dans sa réflexion.

Une campagne nationale

Jeudi dernier, lors de la présentation du bilan 2020 de la police municipale niçoise, Christian Estrosi avait déjà insisté sur l'urgence des décisions à prendre. Il avait évoqué un sondage réalisé par la ville selon lequel une majorité de Niçois souhaite que la police municipale puisse accéder aux fichiers de la police nationale, faire des contrôles d'identité et ouvrir des coffres de voiture.

L'élu s'était également engagé à défendre les policiers en les assurant de son soutien ferme face aux critiques . « Ces derniers mois les forces de l'ordre ont eu à subir aussi des accusations de violences et de racisme dont certains, une minorité bien sûr, veulent faire croire qu'elles sont systémiques. Je ne laisserai jamais dire cela sans réagir ! », a promis Estrosi, avant d'ajouter : « La violence systémique, c'est celle de voyous cagoulés».

Dans le prolongement de cet engagement, la ville de Nice vient de lancer une campagne nationale de communication invitant les Français à soutenir les policiers. On y voit des agents portant des masques sanitaires, séparés par un slogan « Eux, marchent vraiment pour notre liberté ! ». Une plateforme a été créée sur internet pour recueillir les idées et les soutiens que Christian Estrosi s'engage à faire suivre auprès du ministère de l'Intérieur. Son objectif est clair: il veut mobiliser l'opinion pour soutenir des forces de sécurité en «perte de confiance» et encourager le pouvoir à aller plus vite.

Voulant croire que certaines mesures seront applicables avant la fin de l'année, le maire de Nice croise les doigts, avant de conclure: «Compte tenu du calendrier électoral, je dirais même qu'il est dans l'intérêt d'Emmanuel Macron d'avancer sur ce sujet. Il peut trouver chez les maires de forts soutiens. Plus que dans la représentation nationale».


Retrouvez l'article complet d'Emmanuel Galiero sur le figaro.fr <

D'autres articles