Christian Estrosi dans le JDD: La priorité, c’est la vaccination. C’est ce qu’attendent les Français et c’est la seule façon de sortir de la crise sanitaire.

11/04/2021

Faut-il maintenir les scrutins locaux en juin?

Ma priorité, c’est la vaccination. C’est ce qu’attendent les Français et c’est la seule façon de sortir de la crise sanitaire.

La seule campagne qui doit prévaloir, c’est la campagne vaccinale, pas la campagne électorale. Nous, maires, menons des opérations de grande envergure pour ouvrir des centres : si l’État ne peut pas s’appuyer sur nous, on ne réussira pas à s’approcher de l’immunité générale. Vendredi, j’ai fait vacciner à Nice 5.311 personnes en respectant les priorités du gouvernement et en proposant les doses restantes aux personnels d’éducation pour garantir leur immunité avant la rentrée scolaire. Ces élections ne pourront se tenir que lorsque la majorité des Français sera vaccinée.


Est-il donc impossible de mener une campagne vaccinale et d’organiser ces scrutins?

Je consacre toute la logistique de la cinquième ville de France à vacciner. Vendredi, plus de 5.000 personnes ont reçu une dose, sur un seul de mes sites. Mais c’est une énergie folle. J’ai lu le rapport du conseil scientifique : les 36.000 communes sont-elles capables de remplir les conditions de tranches horaires réservées à certains âges, d’ouvertures élargies des bureaux de vote, etc.? Dois-je ralentir le rythme pour dès maintenant commencer à organiser plus de 300 bureaux de vote, pour une double élection qui va mobiliser au moins 2 000 agents ? Il faut dire clairement aux Français que c’est cette question qui se pose. Je suis dans une guerre de mouvement : si on veut gagner la guerre contre l’épidémie, il faut être plus rapide que le virus et donc à fond dans la campagne de vaccination.


Que pensez-vous du questionnaire sur le sujet envoyé aux maires par le gouvernement, alors que l’Association des maires de France (AMF) s’est déjà prononcée en faveur du maintien?

Je ne peux qu’approuver cette méthode qui consiste à faire confiance aux maires. Le président de la République a toujours dit que le couple maire-préfet était le pivot central de notre capacité à juguler l’épidémie. Cette initiative est donc d’une totale légitimité. Je note d’ailleurs que le préfet m’a appelé, mais pas l’AMF, alors que je suis membre du bureau de l’association… Je me demande quelle consultation a lancée l’AMF.


Peut-on vraiment se passer de ce temps démocratique?

Un mandat de président de ­Région, c’est six ans : il se termine en réalité en décembre 2021. Je rappelle aussi à mes amis Les Républicains que nous avions reporté les municipales de 2007 à 2008 pour cause de présidentielle… Ce prétexte est-il plus important que la gestion d’une crise sanitaire d’une telle ampleur ? Ce n’est pas mon sentiment. Et notre démocratie ne sera pas confinée si nous avons la garantie que ces élections se tiendront en 2021, quand la situation s’améliorera, dès ­septembre.


Vu les prises de position des responsables politiques, des associations d’élus, vous semblez minoritaire…

Je porte la voix de nombreux maires, surtout de petites villes, qui s’inquiètent de la logistique et du fort risque d’abstention. Ils me disent qu’ils ne seront pas en capacité d’organiser deux scrutins le même jour, vu la situation sanitaire. Tenir cette position, c’est aussi écouter les Français, qui ne veulent pas entendre parler de campagne électorale. Ce qu’ils veulent, c’est sortir de la crise, qu’on libère l’activité. On est ­incapable de savoir ce qu’on pourra rouvrir en mai, et on pourrait organiser une campagne électorale?


Dans votre Région, les macronistes comptent sur vous pour parvenir à une alliance dès le premier tour avec le sortant, Renaud Muselier. Est-ce possible?

C’est soit Renaud Muselier, soit le Rassemblement national qui remportera la Région. Quand j’ai gagné en 2015, c’était dans une démarche d’ouverture, grâce au désistement de la gauche. En triangulaire, la droite a toujours perdu. Je suis donc favorable à une liste d’intérêt régional, sans accord d’appareil politique, avec des personnalités à la hauteur de la tâche, venues des LR, de l’UDI, du MoDem, des radicaux, de la société civile et de la majorité présidentielle. Avec un remarquable bilan de Renaud Muselier, qui vient de signer un contrat de plan très ambitieux avec le Premier ministre, nous avons démontré l’efficacité d’une majorité très ouverte depuis 2015. Personne ne comprendrait, parmi les grands décideurs économiques, culturels, sociaux, dans une région où nous avons un temps d’avance en matière de transition écologique, que certaines postures sectaires remettent en cause cette volonté de dépassement.


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