"Il est urgent de protéger ceux qui font respecter l’autorité" Le Point

20/05/2021

En marge de la mobilisation des policiers, le maire de Nice partage des propositions juridiques fermes pour mettre fin à la crise d’autorité dont ils font l'objet.

Profondément ébranlés par le meurtre du brigadier Éric Masson, à Avignon le 5 mai dernier, les syndicats de policiers ont manifesté ce mercredi 19 mai, à Paris, mobilisant 35 000 personnes (syndicats) avec un objectif commun : s'assurer du soutien de la population pour « sa police républicaine » et réclamer des peines plus lourdes pour les agresseurs de force de l'ordre.Au lendemain de cette mobilisation, réunissant le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et des responsables politiques de tous bords, parmi lesquels Christian Estrosi, le maire de Nice et président de la commission consultative des polices municipales, en appelle à l'exécutif et partage pour Le Point ses propositions pour « renforcer l'autorité de l'État et des policiers ».


Le Point : Pourquoi était-ce important pour vous de manifester, ce mercredi, aux côtés des policiers ?

Christian Estrosi : Parce que notre pays traverse une crise d'autorité. Elle n'est pas nouvelle, mais s'aggrave et depuis plusieurs années. Les chiffres du ministère de l'Intérieur parlent d'eux-mêmes : de 2004 à 2019, le nombre de policiers blessés en mission est passé de 3 842 à 6 760 et on compte déjà 727 policiers blessés sur le premier trimestre de 2021. Il est urgent d'inverser le cours des choses et protéger ceux qui sont là pour faire respecter cette autorité.


Comment ?

En mettant fin aux outrages, à la rébellion, aux injures, à la violence, au refus d'obtempérer. Ces dérives, trop nombreuses, entretiennent un sentiment d'impunité. En 2020, on a dénombré 24 000 refus d'obtempérer, soit 60 par jour ! Ces signes prouvent que l'on n'a plus peur, en France, de s'en prendre à la police et qu'il est urgent de légiférer.


La loi prévoit des sanctions lourdes pour les auteurs d'agression contre les forces de l'ordre – des peines de prison allant de trois ans à la perpétuité. Elles sont insuffisantes ?

Ces quantums ne sont pratiquement jamais prononcés lors des décisions des juridictions de notre pays. Il faut des peines spécifiques, à la hauteur de la gravité des faits et, surtout, réellement appliquées par la chaîne pénale. Notre droit considère encore ces attaques à l'endroit des policiers comme de simples circonstances aggravantes, pour délits et violences. Or elles devraient constituer des délits spécifiques. S'attaquer à un policier ou à un gendarme est plus grave que tout le reste, c'est attaquer la France.


Vous formulez, avec votre parti La France audacieuse, des propositions que vous soumettrez prochainement au ministre de l'Intérieur, lesquelles sont-elles ?

La première est précisément de créer un délit spécifique, pour attaque à des personnes dépositaires de l'autorité de l'État ; blesser un policier doit coûter cher. Il est, aussi, urgent de remettre en place les peines planchers, disparues sous François Hollande.

Ma deuxième proposition implique de mettre fin au refus d'obtempérer – ces infractions étant de plus en plus fréquentes – en supprimant les aménagements de peine, les circonstances atténuantes pour mineur ou encore en systématisant les comparutions immédiates.

Enfin, et c'est ma priorité : il est urgent de mettre fin à l'entrave des policiers par la création d'un délit spécifique, comme il existe aux États-Unis et au Canada. Les forces de l'ordre sont trop souvent perturbées par des entraves à leur action, et cela constitue pour elle un danger.


La présidence Hollande a tout détricoté et considérablement affaibli l’action des policiers.


À vous écouter, le gouvernement, via sa loi de sécurité globale et les gages récemment donnés aux syndicats de policiers par le Premier ministre Jean Castex – période de sûreté étendue à trente ans, limite stricte des réductions de peine –, ne va pas assez loin…
Non. Même si cela va dans le bon sens, avec la loi de sécurité globale comme la loi séparatisme.Mais la présidence Hollande a tout détricoté et considérablement affaibli l'action des policiers. Aussi, il faut prendre des mesures plus fermes pour rattraper notre retard. Les peines encourues ne sont pas assez lourdes, le moment est venu d'y remédier. Les forces de l'ordre nous y exhortent.


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Publié le 20/05/2021

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